L’impact du perfectionnement professionnel en ÉPS sur l’apprentissage des élèves

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Quand il en vient au perfectionnement professionnel en éducation, le temps et l’argent sont souvent des obstacles. C’est pourquoi il est important de profiter au maximum des ressources à notre disposition.   

Comme l’explique Joanne Walsh, conseillère d’Ophea en matière du programme-cadre, chef de file du système de longue date, et chargée de cours d’une faculté d’éducation, « Chaque année, le ministère de l’Éducation établit des priorités et des orientations pour l’éducation qui peuvent orienter le type de perfectionnement professionnel auquel le personnel enseignant aura accès. Par exemple, cette année, une attention particulière est portée à la santé mentale et au bien-être et à leurs liens à la réussite des élèves; ce sujet sera donc prioritaire lors des journées pédagogiques pour le personnel enseignant et lors des rencontres du personnel. »

Bien entendu, des liens étroits peuvent être établis entre la santé mentale, le rendement des élèves et le programme-cadre d’ÉPS; cependant, les formations pour des matières d’enseignement particulières peuvent être moins fréquentes ou peuvent demander aux individus de faire preuve d’initiative personnelle pour les suivre. Alors, pourquoi est-il essentiel de promouvoir la formation continue pour le personnel enseignant en éducation physique et santé (ÉPS)? Qu’est-ce qui fonctionne? À quels endroits le personnel enseignant peut-il obtenir de l’aide? Lisez ce qui suit pour en apprendre davantage.

Cet article est le premier d’une série de quatre; chacun portera un regard approfondi sur un aspect particulier qui, selon les études, est lié à une mise en œuvre efficace, tout en proposant des commentaires d’enseignants, d’élèves et de dirigeants du système de l’éducation sur les éléments qui fonctionnent bien, les éléments requis, et la suite des choses.   

Plus le personnel enseignant reçoit du soutien pour la prestation du programme-cadre, plus les élèves en profitent.

En août 2019, le ministère de l’Éducation a publié une version mise à jour du programme-cadre d’ÉPS pour le palier élémentaire. Il s’agit d’un document exhaustif et rédigé avec soin. Cela étant dit, sa prestation peut s’avérer un défi de taille, surtout si l’on considère l’importance d’aider une génération d’élèves de l’Ontario à favoriser leur santé mentale et leur bien-être, à se doter d’une littératie en matière d’éducation physique et de santé, ainsi qu’à développer la compréhension, la capacité et la volonté nécessaires pour mener une vie active et saine et en faire la promotion leur vie durant.[i]

Dave Inglis, enseignant d’ÉPS à la retraite et coprésident de l’OASPHE, souligne également que le Bulletin de l’activité physique chez les jeunes de ParticipACTION a donné la note D+ pour l’ensemble de l’activité physique chez les jeunes canadiens. De plus, il affirme, « Si l’activité physique engendre notamment une amélioration du fonctionnement du cerveau, de l’estime de soi et de la concentration, et une diminution des symptômes d’anxiété, nous devons réserver du temps pour celle-ci et en faire une priorité ».

Le programme-cadre mis à jour d’ÉPS du palier élémentaire de 2019 soulève de nouvelles questions.

Bien que le personnel qui a enseigné le contenu de la version de 2015 du programme-cadre connaisse en grande partie le contenu de la version révisée, il existe tout de même d’importantes différences.

« Dans le programme-cadre du palier secondaire et dans la version précédente du palier élémentaire, des apprentissages sont liés aux habiletés de vie. Maintenant, le programme-cadre du palier élémentaire comprend l’apprentissage socioémotionnel », explique M. Inglis. « Nous devons aider le personnel enseignant à mieux comprendre ce domaine d’étude. Comment peut-on évaluer la mise en pratique des habiletés socioémotionnelles par les élèves? Comment peut-on évaluer le degré de motivation des élèves? Je sais que ce sont des aspects pour lesquels le personnel enseignant souhaite obtenir du soutien. »  

Les occasions qui encouragent le personnel enseignant à poser des questions et à apporter des idées relativement à ces questions et à d’autres semblables (p. ex., Quelles sont les habiletés que les élèves de la 1re année peuvent utiliser pour reconnaître leurs émotions? Comment puis-je aider les élèves de la 6e année à comprendre que demander de l’aide fait partie de la capacité d’adaptation, et quelles sont les ressources que je peux utiliser pour les aider à développer cette capacité?) peuvent favoriser la compréhension et mener à une mise en œuvre de qualité. 

« Nous devons aussi être conscients que les enseignants au palier élémentaire n’ont pas tous une vaste expérience en ÉPS, » ajoute Mme Walsh. « Nous devons leur fournir davantage d’outils et de stratégies pour qu’ils puissent offrir aux élèves des expériences de qualité. »

Quelles sont les caractéristiques d’un perfectionnement professionnel efficace?

« Le lancement d’une politique doit être accompagné par du soutien à sa mise en application, autrement, la politique sera appliquée de façon incohérente et sera possiblement inefficace, » souligne Tim Fletcher, professeur agrégé d’éducation physique au département de kinésiologie à l’Université Brock.

Quel est le type de soutien requis? M. Fletcher insiste sur le fait qu’il n’y a pas d’approche universelle pour assurer un perfectionnement professionnel efficace; cependant, quelques éléments doivent être pris en compte.   

Comme il l’explique, « Pour satisfaire efficacement aux besoins du personnel enseignant, le perfectionnement professionnel doit être ancré dans son milieu immédiat. » Celui-ci comprend sa salle de classe, mais aussi son école et sa communauté. De plus, le perfectionnement professionnel est souvent plus efficace lorsqu’il a lieu en petit groupe, permettant ainsi aux enseignants de faire part de leurs idées et de leurs expériences vécues et d’apprendre les uns les autres.   

Pour être efficace, le perfectionnement professionnel doit se faire sur une base continue pour donner l’occasion aux enseignants d’essayer des choses en classe ou au gymnase, de réfléchir aux résultats obtenus, de discuter de ce qu’ils ont appris avec leurs pairs et d’essayer de nouveau.    

« [Ces éléments] vont à l’encontre de la forme la plus commune, soit une formation d’une journée au cours de laquelle un expert est invité à faire une présentation et après quoi les enseignants doivent mettre en pratique leur apprentissage sans aide additionnel, » explique M. Fletcher.

En plus de ne pas offrir de véritable soutien continu pour mettre en pratique ce qui a été appris, ces séances traditionnelles de perfectionnement professionnel peuvent s’avérer coûteuses pour les écoles. Une formation d’une journée coupe dans le temps d’enseignement. Et lorsque l’on tient compte du temps consacré à l’enseignement, à la planification de leçons et à l’organisation d’activités parascolaires, il est évident que les enseignants ont rarement beaucoup de temps à consacrer à de la formation.

Le perfectionnement professionnel autogéré offre de la flexibilité.

Pour le meilleur ou le pire, le personnel enseignant en ÉPS gère souvent lui-même son perfectionnement professionnel pendant ses heures libres.    

Comme le souligne M. Fletcher, « Il est important de demeurer à jour au sujet de ce qui fonctionne, mais la tâche de lire un article de recherche de 7000 mots n’est pas attrayante pour bon nombre d’enseignants. » C’est la raison pour laquelle il suggère de trouver des organismes qui vulgariseront et transmettront cette information, un peu comme des « traducteurs de connaissances ».  

Parmi ces organismes on note bien sûr Ophea, mais aussi l’OASPHECIRA et EPS Canada. Ces groupes font appel à une variété de moyens en ligne comme des billets de blogue, des modules d’apprentissage en ligne et des webinaires, auxquels les enseignants peuvent accéder à leur gré à un coût modeste ou gratuitement, qui communiquent de l’information en langage clair sur des pratiques fondées sur données probantes. Qui plus est, la formation et les ressources sont soucieuses de transmettre l’information pertinente de manière efficace, car les heures libres du personnel enseignant sont précieuses.  

Apprendre en échangeant avec des pairs qui ont des expériences différentes.

Les meilleures pratiques en ÉPS sont toujours en évolution; les techniques d’enseignement doivent donc aussi évoluer.

Comme le souligne Mme Walsh, « Les facultés d’éducation s’efforcent toutes de fournir aux enseignants en formation initiale une base solide en ÉPS, mais les connaissances requises sont très vastes dans le contexte de l’enseignement en Ontario. C’est la raison pour laquelle il est important pour le personnel enseignant de poursuivre son apprentissage tout en étant à l’emploi. Nous avons besoin de combiner de la formation de qualité avec des possibilités pour les enseignants d’échanger pour que leur apprentissage se fasse de manière continue. » 

Selon Mme Walsh, les échanges entre les enseignants novices et les enseignants plus chevronnés sont particulièrement efficaces. « Nos enseignants novices ont appris les stratégies pédagogiques les plus avant-gardistes. À leur arrivée au travail, ils ont les connaissances théoriques les plus à jour, mais ils ont peu de connaissances sur leur mise en pratique. » Ce sont des connaissances que peuvent leur transmettre les enseignants chevronnés.   

Mettez à l’essai le modèle d’accompagnement.

Le modèle d’accompagnement est une façon par laquelle les enseignants novices et chevronnés (ou tous autres enseignants/pairs dans le système de l’éducation) peuvent échanger et collaborer. Ce modèle mené par des enseignants fut élaboré à l’origine pour améliorer les compétences pédagogiques en littératie et en numératie, mais il a été adapté pour l’ÉPS.

« Il pourrait s’agir de deux collègues qui collaborent pour une expérience d’apprentissage commune, un ayant de l’expertise et de l’expérience dans l’enseignement de l’ÉPS et l’autre souhaitant en apprendre davantage sur cet aspect de l’enseignement, » explique Mme Walsh. « Ils pourraient commencer en ayant une conversation pour déterminer un élément particulier du programme-cadre d’ÉPS sur lequel de plus grandes connaissances sont souhaitées et sur sa mise en œuvre en classe ou dans le gymnase. Ils peuvent ensuite établir une démarche pour l’apprentissage; par exemple, l’enseignant chevronné fait part de son expertise ou les résultats de la recherche actuelle sont consultés. Les enseignants peuvent collaborer pour planifier et enseigner une leçon, puis effectuer une réflexion sur l’apprentissage acquis lors de cette expérience commune en se posant des questions comme les suivantes : Quelles étaient vos préoccupations? Qu’avez-vous observé? Les élèves étaient-ils motivés? Quelles améliorations pourrions-nous apporter? Cette démarche peut engendrer l’examen plus approfondi d’autres éléments et d’autres échanges de meilleures pratiques ou de pratiques prometteuses entre collègues. » 

Comme le souligne M. Fletcher, « L’accompagnement possède plusieurs des caractéristiques du perfectionnement professionnel efficace. Il repose sur les besoins du personnel enseignant, la démarche se fait en petits groupes, et elle est récurrente. » Qui plus est, selon des évaluations menées sur une période de deux ans par l’Université Brock, il s’agit d’une approche qui fonctionne très bien en ÉPS.

« La majeure partie peut se faire en classe, » ajoute Mme Walsh, ce qui en fait un modèle attrayant et efficace pour l’enseignant déjà très occupé. « Tout ce qu’il faut, c’est une démarche bien organisée. » Selon les ressources offertes dans votre communauté scolaire, ce partenariat de mentorat peut être organisé par un responsable du système ou de l’enseignement, ou par les enseignants tout simplement.  

Ne faites pas cavalier seul!

Avec les contraintes de temps et les ressources disponibles, il peut être difficile d’avoir accès à de la formation de qualité en ÉPS. Aucun enseignant ne devrait s’acquitter de cette tâche seul. Le soutien du conseil scolaire et de la direction de l’école est essentiel, et il faut continuer de demander pour du perfectionnement professionnel de qualité.

Les enseignants doivent également s’entraider. Selon Mme Walsh, « L’apprentissage est un évènement social! L’apprentissage se fait de façon approfondie lorsque des collègues se réunissent pour discuter de leurs pratiques et de leurs stratégies pédagogiques. »

Pour faire suite à la publication du programme-cadre d’éducation physique et santé (ÉPS) du palier élémentaire de 2019, Ophea proposera des activités de perfectionnement professionnel tout au long de l’année scolaire 2019-2020. Pour obtenir plus d’information sur les sujets qui seront abordés, les dates, et les modalités d’inscription, visitez : https://www.ophea.net/fr/webinars.

De plus, restez à l’affût pour plus d’information étant donné qu’Ophea a mis en pratique une approche plus vaste et plus collaborative pour faciliter l’apprentissage du personnel enseignant, y compris des partenariats avec d’autres conférences, des ateliers personnalisés pour les conseils scolaires, et d’autres évènements régionaux de formation. Suivez-nous sur Twitter et consultez notre bulletin électronique mensuel eConnexion pour tout savoir sur notre série de webinaires et d’autres possibilités de perfectionnement professionnel.

Après tout, mieux nous apprenons, mieux nous pouvons enseigner. Et si une chose nous unit en tant qu’enseignantes et enseignants, c’est notre passion de collaborer pour que les enfants de l’Ontario aient un avenir meilleur, plus en santé et plus heureux.


[i] http://www.edu.gov.on.ca/fre/curriculum/elementary/2019-education-physique-sante-1rea8e-annee.pdf, p. 8