Trouver un équilibre en ces temps difficiles

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Des façons pour le personnel enseignant, les élèves et les familles de prioriser le bien-être pendant la pandémie de la COVID-19

Alors que nous nous préparons pour le retour en classe des élèves cet automne en Ontario, le personnel enseignant, les parents et les élèves ont de nombreuses questions et préoccupations, surtout en ce qui concerne la santé et la sécurité.

Comment pouvons-nous nous protéger et nous protéger les uns les autres? Comment pouvons-nous rétablir des relations et favoriser la santé mentale dans une population qui a vécu des mois d’isolement? Comment pouvons-nous nous assurer que les besoins fondamentaux (alimentation, sécurité, appartenance) de tous soient satisfaits lorsque l’enjeu est si important?

« Les gens cherchent des façons d’être en contrôle, » explique Cara Rosenbloom, diététiste et membre du conseil d’administration de la Helderleigh Foundation1, « parce que nous contrôlons si peu de choses lors d’une pandémie. » L’incertitude peut nous faire sentir dépassés par les évènements, et bien qu’il n’y ait pas de façon infaillible d’éviter la COVID-19 à moins de complètement s’isoler, il y a tout de même des choses que nous pouvons faire. En appliquant des stratégies pour favoriser notre bien-être physique et émotionnel, ainsi que celui de nos élèves et de leur famille, nous pouvons nous assurer de composer de façon optimale avec la suite des choses. 

Nous pouvons reconnaître que nous composons tous différemment avec la situation actuelle

Comme l’explique Rosenbloom, mère de deux enfants âgés de 9 et 13 ans, « Je dois composer avec les mêmes défis auxquels les gens font face; je dois trouver un équilibre tout en gardant mes enfants actifs, bien nourris et occupés sans qu’ils passent trop de temps devant des écrans. Puis je dois prendre du temps pour moi pour ne pas m’épuiser. »

Dan Vigliatore abonde dans le même sens. En tant que parent et enseignant d’éducation physique et santé (M-6), il a eu de la difficulté à faire son travail avec ses élèves tout en aidant ses enfants, âgés de 8 et 10 ans, à faire leurs travaux scolaires. « Les deux tâches s’opposaient parfois, » dit-il.

Bien que nous ayons tous ressenti la pression, nous l’avons gérée différemment. Par exemple, en ce qui concerne une alimentation saine, Rosenbloom a entendu les gens des deux bouts du spectre; des personnes qui ont finalement réglé leurs mauvaises habitudes alimentaires et d’autres qui se sont tournées exclusivement vers des aliments réconfortants pour composer avec la situation. La COVID-19 n’est pas une maladie alimentaire, et elle ne manque pas de souligner qu’il n’y a pas un « aliment miracle » qui permet de ne pas contracter le virus. « Mais certaines personnes se questionnent sur ce qu’elles doivent faire pour favoriser leur système immunitaire, » raconte Rosenbloom. « Pour ce faire, il faut manger des repas équilibrés avec des légumes, des fruits, des aliments de grains entiers et des aliments protéinés (p. ex., poisson, poulet, lentilles, œufs, légumineuses), et manger moins d’aliments hautement raffinés comme les friandises, les croustilles, les boissons gazeuses et les pâtisseries. Cela contribuera au bon fonctionnement du système immunitaire. »

Pendant ce temps, Andrea Barrow, enseignante au secondaire d’un cours de spécialisation de leadership en conditionnement physique, a observé une augmentation et une diminution de l’activité physique. « Nous savons que l’exercice contribue à une bonne santé mentale et certaines personnes adoptent des habitudes en ce sens. Elles ont plus de temps pour faire de l’exercice régulièrement. Cependant, nous observons aussi de nombreuses personnes qui ne font pas assez d’activité physique et qui augmentent leur consommation de nourriture. Les gens discutent de leur prise de poids en temps de la COVID-19. »

Et bien que certaines habitudes soient meilleures que d’autres, il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises façons de composer avec une situation de crise.

Barrow ajoute, « Le meilleur conseil que je peux donner, c’est de ne pas être trop dur sur soi-même et de ne pas établir des objectifs et des attentes irréalistes au cours de la pandémie. Il faut se dire : “J’ai fait de mon mieux au cours de la journée. Je suis passé au travers.” » 

Nous pouvons tirer parti de nos forces

Plutôt que de s’attarder à ce que nous avons perdu, il peut être utile de songer à certaines des habiletés que nous avons acquises collectivement, notamment la résilience.

« De nombreux élèves, y compris mes enfants, sont maintenant un peu plus résilients, » dit Vigliatore. Non seulement il a vu ses enfants apprendre à gérer leurs émotions en ayant un dialogue intérieur positif et en prenant des respirations profondes, il a aussi aidé ses élèves à apprendre diverses stratégies pour composer avec la détresse, et il a vu d’autres enseignants faire de même par l’apprentissage en ligne. « Ces habiletés sont d’une grande importance en ces temps difficiles, » souligne-t-il.

Le renforcement des liens familiaux est un autre changement positif, particulièrement lorsque les activités familiales favorisent la santé et le bien-être. « Plus de familles trouvent des façons de faire de l’exercice ensemble à la maison, » rapporte Barrow.

Ce temps ensemble est souvent passé à faire des marches ou des promenades en vélo, mais selon Rosenbloom, il est aussi passé dans la cuisine. « La meilleure chose qui est probablement ressortie de cette situation est que les gens passent plus de temps à cuisiner à la maison. » Les restaurants sont fermés, et ayant plus de temps libres, plusieurs familles ont amélioré leurs habiletés culinaires. Selon Rosenbloom, « C’est une grande victoire. Les gens découvrent qu’il n’est pas si difficile de cuisiner, que ça ne prend pas autant de temps qu’ils le pensaient, et que plus ils cuisinent, plus ils sont rapides. Ce n’est ni intimidant, ni hors de leur portée. Ça leur apporte un sentiment de fierté et d’accomplissement, qui renforce l’estime de soi des adultes et des enfants. »

Un troisième changement positif observé par Rosenbloom est la plus grande réflexion concernant les renseignements en matière de santé. « Je vois beaucoup de mythes réfutés et de questionnement, » dit-elle. Alors que les gens s’accrochent à n’importe quel brin d’espoir et cherchent des réponses qui n’existent pas pour le moment, il s’agit d’un changement d’une importance capitale. « Il y avait plusieurs mythes sur les médias sociaux au début de la pandémie. Cependant, chaque fois que je lisais une publication disséminant des mythes, je voyais une publication d’une personne avec des compétences disant de s’arrêter, de penser et d’examiner les faits scientifiques. Les gens apprennent à se demander si ce qu’ils lisent et voient est fiable, digne de confiance et vrai. » 

Nous pouvons travailler pour améliorer l’équité

La pandémie a clairement exposé les inégalités auxquelles font face des familles de divers contextes socioéconomiques. Il ne fait aucun doute que certaines familles s’en sont sortie mieux que d’autres pendant ces mois d’isolement. Comme l’explique Vigliatore, « Les expériences vécues varient d’un élève à l’autre. Il est fort possible que des élèves aient vécu une situation abusive ou aient été victimes de négligence, ou qu’ils aient été témoins de telles situations. Cela aura un impact sur leur santé mentale. »

Rosenbloom est d’accord que l’équité est un enjeu important, non seulement en ce qui concerne la santé mentale, mais aussi la nutrition. « Il faut que tous commencent à la même case départ. C’est-à-dire, un accès égal à des aliments sains et à des programmes de nutrition et de littératie alimentaire. Et nous sommes loin d’être dans une telle situation. » Même si l’on ne s’attend pas à ce que le personnel enseignant lutte contre ce problème systémique seul, il y a des choses que nous pouvons faire.

« Nous pouvons enseigner aux enfants les compétences alimentaires et les connaissances de base en nutrition de la maternelle jusqu’à la 12e année, » suggère Rosenbloom. Les enseignants doivent consulter des ressources dans ce domaine lorsque possible. En plus du Guide alimentaire canadien, ils peuvent aussi consulter des ressources comme les plans de leçons sur l’alimentation saine d’OpheaCertification écoles saines d’Ophea : Alimentation saine et Idées pour passer à l’action : Alimentation saine, ou même appeler un expert pour de l’aide et des conseils.

Comme le souligne Rosenbloom, « Vous ne pouvez pas enseigner ce que vous ne connaissez pas, et il est facile de causer du tort à l’estime de soi en ce qui concerne l’alimentation. » Par exemple, elle a été témoin de cas où des enseignants bien intentionnés tentaient de dissuader les enfants de manger des collations sucrées, alors que c’était possiblement les seuls aliments auxquels ils avaient accès. 

Nous pouvons nous préparer à rencontrer les élèves là où ils sont rendus

Alors qu’il enseignait en ligne, Vigliatore a constaté que le plus grand défi était de maintenir l’engagement et l’intérêt des élèves. « J’ai dû pour commencer mettre de côté le programme-cadre et rétablir des liens solides, » dit-il.

Il en sera de même lorsque l’apprentissage en personne reprendra. Nous savons que les élèves ne peuvent pas apprendre efficacement tant et aussi longtemps que leurs besoins fondamentaux (sécurité, sécurité alimentaire, sentiment d’appartenance) n’ont pas été satisfaits. Nous devrons mettre le « rattrapage scolaire » en arrière-plan pour commencer lors du retour à l’apprentissage en personne (ou pour continuer l’apprentissage à distance pour les familles qui choisiront cette option). « Les élèves doivent pouvoir constater que leur santé et leur bien-être sont tout aussi importants que les mathématiques, les sciences et les cours de langue, » ajoute Vigliatore.

Heureusement, le programme-cadre d’éducation physique et santé de l’Ontario est conçu pour aider le personnel enseignant à satisfaire aux besoins fondamentaux des élèves. « Il s’agit du seul programme-cadre qui est axé sur le bien-être global de l’enfant et qui promeut le bien-être des familles, » explique Vigliatore. « Il encadre les enfants en se concentrant sur les habiletés socioémotionnelles, une vie saine et l’activité physique, des éléments nécessaires pour qu’un enfant soit heureux et en santé. »

Nous pouvons travailler ensemble pour faire de la santé et du bien-être une priorité

Cela étant dit, il n’est pas difficile de présumer qu’en septembre, le temps, l’espace et les ressources seront des éléments prisés. Si la pandémie de la COVID-19 nous a enseigné une chose, c’est à faire preuve de créativité (p. ex., demeurer en contact avec d’autres personnes en jouant à des jeux tout en gardant une certaine distance physique) et à utiliser d’autres types d’espaces pour apprendre (p. ex., le plein air ou les plateformes numériques).

« On entend parler de la possibilité d’utiliser les gymnases pour créer d’autres salles de classe, » rapporte Barrow. « Nous ne devons pas condamner ces espaces. Nous avons besoin d’un endroit où les enfants peuvent courir et jouer en sécurité ».

« Nous devons aussi adopter pleinement l’activité physique quotidienne (APQ), » selon Barrow. « Les études montrent son importance, et au fil des ans, ce ne sont pas toutes les écoles qui ont mis en œuvre cette politique. Les conditions météorologiques sont encore bonnes en septembre. Sortez et soyez actifs. Faites-le avec l’ensemble de l’école. »

Nous pouvons mener par l’exemple

On en demande beaucoup au personnel enseignant au cours de cette crise, et après des mois à surmonter les obstacles pour faire l’enseignement à distance, à prendre soin de nos familles, et à composer avec une incertitude grandissante, nous devons nous rappeler de prendre soin tout d’abord de notre santé et de notre bien-être. C’est une preuve de bonté envers nous-mêmes, mais c’est aussi un service que nous rendons à nos élèves, car notre bien-être est essentiel au bien-être et à l’apprentissage des élèves; et nos élèves nous observeront et nous écouteront pour des repères.

Pour y parvenir, il faut demander l’aide de nos communautés, alléger nos tâches pédagogiques en faisant appel à des ressources comme les Ressources d’ÉPS pour la maison d’Ophea, y compris Ophea Pour Tous et #VivreÉPS pour favoriser une pédagogie efficace dans divers environnements d’apprentissage, ou tout simplement ne pas trop nous en mettre sur les épaules en prenant le temps nécessaire pour nous adapter à un autre changement dans les façons d’enseigner et d’apprendre ensemble.

« Nous sommes tous, y compris les enfants, à la recherche d’un équilibre entre l’espoir pour l’avenir et la réalité d’aujourd’hui, » dit en guise de conclusion Vigliatore. Et bien qu’il y ait quelques incertitudes en ce moment, la meilleure façon de trouver cet équilibre est de nous entraider à faire de notre bien-être la priorité. 


1Ophea est présent dans le système d’éducation en Ontario dans les salles de classe, les écoles et les conseils scolaires, travaillant étroitement avec le personnel enseignant, les directions d’écoles, les dirigeants des conseils scolaires, les professionnels de la santé publique et les acteurs provinciaux pour faire appliquer les politiques, souvent par des partenariats, notamment celui avec la Helderleigh Foundation.

La Helderleigh Foundation est la principale fondation au Canada qui consacre ses efforts exclusivement à l’amélioration de la littératie alimentaire pour que les jeunes enfants et leur famille de notre société soient mieux renseignés et consomment des boissons et des aliments