Déclarations d’Ophea concernant la reconception de l’ÉPS

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A low-angle image of six youth and their coach, wearing matching orange t-shirts, standing in a circle and stretching their hands towards the middle. The camera is positioned under the pile of hands. The youth display a variety of skin tones, hair colours and textures, and gender presentations.

En tant qu’association vouée à l’éducation physique et santé (EPS) en Ontario, Ophea est fière d’annoncer la publication de deux nouvelles déclarations en prévision de l’année scolaire 2023-2024 : « Une nouvelle façon de concevoir le genre en ÉPS » et « Une nouvelle façon de concevoir les déficiences en ÉPS ». Ces déclarations sont le résultat de séances organisées en 2023, qui visaient à comprendre l’impact potentiellement négatif des pratiques au sein de notre secteur sur les élèves marginalisés.  

Ces séances ont réuni des jeunes ayant vécu des expériences relatives à ces sujets, des experts en la matière et des décideurs du système pour explorer les obstacles qui peuvent exister en raison des attentes, des structures et des systèmes dans les environnements d’apprentissage de l’ÉPS. En accordant une place importante à la perspective des élèves, l’objectif ultime de ces séances était de cerner des points d’entrée potentiels pour améliorer les expériences des élèves et améliorer le sentiment d’appartenance dans les contextes du genre et des déficiences en ÉPS.  

Chaque séance visait à :

  • déconstruire les récits dominants à l’intersection de la marginalisation et de l’éducation physique et santé (ÉPS);  
  • collaborer à la création de contre-discours qui peuvent susciter une reconception de l’ÉPS pour notre secteur;  
  • cerner les points positifs dans la mise en œuvre qui créent des points d’entrée et engendrent un plus grand sentiment d’appartenance chez chaque élève;  
  • collaborer, selon le cas, afin d’établir les éléments dont il faut tenir compte pour la mise en œuvre et ses incidences pour les intermédiaires du système. 

Il est rapidement devenu évident que, bien que des points positifs existent, bon nombre de nos pratiques actuelles peuvent contribuer à la création de milieux qui ne sont pas optimaux et qui ne sont pas sécuritaires pour les élèves. Historiquement, l’adoption culturelle et la normalisation des structures de pouvoir systémiques ont parfois entraîné des manifestations de ces mêmes structures qui marginalisent davantage ceux dont les identités et les expériences vécues ne correspondent pas aux idéologies dominantes. En d’autres termes, les pratiques et les hypothèses traditionnelles au sein de notre secteur doivent être analysées de manière critique pour veiller à ce qu’elles soient bénéfiques pour nos élèves, particulièrement pour ceux ayant des expériences de marginalisation.

Les perspectives des jeunes issues de nos séances ont montré que les préjudices subis par les élèves marginalisés en ÉPS sont très rarement intentionnels ou le résultat d’un choix actif de la part du personnel enseignant; ils découlent plutôt de pratiques qui n’ont pas été remises en question (et leurs origines se trouvent souvent dans ces mêmes structures de pouvoir). Une prise de conscience des systèmes d’oppression qui pourraient avoir un impact sur les élèves est essentielle si nous voulons promouvoir des environnements d’apprentissage permettant véritablement de s’affirmer, et les membres du personnel enseignant doivent être appuyés dans leur propre parcours d’apprentissage alors qu’ils progressent vers une meilleure compréhension. Pour que chaque élève puisse acquérir une appréciation pour un mode de vie sain et actif la vie durant, nous devons adopter des pratiques qui démontrent clairement à chaque élève qu’il a une place en ÉPS, en classe et dans l’ensemble de la communauté.  

Les deux séances que nous avons organisées ont analysé les expériences liées au genre (et sa structure de pouvoir associée, la cisnormativité) et aux déficiences (et sa structure de pouvoir associée, le capacitisme). Quelles sont ces structures de pouvoir et comment se manifestent-elles en ÉPS? 

Cisnormativité

Par la cisnormativité, on entend « un préjugé culturel et sociétal, souvent inconscient, qui privilégie les identités cisgenres et les normes sexuelles et ignore ou sous-représente les identités trans ou les genres divers en supposant que toutes les personnes sont cisgenres et qu’elles exprimeront leur genre d’une façon conforme aux normes sexuelles perçues. »1 

 Les élèves qui ont participé à notre séance sur la « reconception du genre » ont souligné des pratiques en ÉPS qui sont un prolongement des systèmes de croyances cisnormatifs, notamment :

  • l’utilisation du genre binaire comme seul moyen de regrouper les élèves (c’est-à-dire des équipes ou des activités de « garçons » ou de « filles », le regroupement par genre binaire pour les cours d’éducation à la santé);  
  • la supposition que les « garçons » sont par défaut plus forts, plus athlétiques et plus intéressés par l’ÉPS que les « filles »;  
  • l’exclusion de la représentation trans de l’éducation à la santé, y compris le développement humain et la santé sexuelle. 

Lisez notre déclaration sur le genre en ÉPS

Capacitisme 

« Le capacitisme peut se définir comme un système de croyances, semblable au racisme, au sexisme ou à l’âgisme, selon lequel une personne handicapée est moins digne d’être traitée avec respect et égard, moins apte à contribuer et à participer à la société ou moins importante intrinsèquement que les autres. Le capacitisme peut s’exercer de façon consciente ou inconsciente et être inscrit dans les institutions, les systèmes ou la culture d’une société. Il peut restreindre les possibilités offertes aux personnes handicapées et réduire leur participation à la vie de leur collectivité. »2 

Les élèves qui ont participé à notre séance sur la « reconception des déficiences » ont souligné des pratiques en ÉPS qui sont un prolongement des systèmes de croyances fondés sur le capacitisme, notamment :

  • l’exclusion des élèves en situation de handicap de l’éducation physique essentielle au lieu d’adaptations nécessaires pour permettre leur pleine participation;  
  • le manque de préparation de modifications ou d’adaptations pour les activités;  
  • la supposition que les élèves en situation de handicap ne souhaitent pas participer à l’éducation physique;  
  • l’exclusion de la représentation des personnes en situation de handicap dans l’éducation à la santé, y compris le développement humain et la santé sexuelle. 

Lisez notre déclaration sur les déficiences en ÉPS.

Quoique bon nombre de ces pratiques soient involontaires, il est évident qu’elles ont le potentiel d’aliéner les élèves marginalisés. Cela va à l’encontre des objectifs du programme-cadre d’éducation physique et santé (ÉPS) qui visent à ce que les élèves puissent « réussir dans un monde en constante évolution, en les aidant à favoriser leur santé mentale et leur bien-être, à se doter d’une littératie en matière d’éducation physique et de santé, ainsi qu’à développer la compréhension, la capacité et la volonté nécessaires pour mener une vie active et saine et en faire la promotion, et ce, leur vie durant. ». 3,4 

« Pour que chaque élève puisse réussir » est la stratégie d’Ophea axée sur l’équité pour favoriser le bien-être dans les écoles de l’Ontario. Alors que nous peaufinons et déployons notre stratégie, nous nous attendons à provoquer un changement, à la fois dans le secteur et dans notre propre milieu de travail. Pour favoriser ce changement, Ophea s’engage à organiser des séances pour explorer les liens entre l’éducation physique et santé (ÉPS) et d’autres systèmes d’oppression, notamment le racisme envers les Noirs et les Autochtones, au cours des mois à venir. Les déclarations que nous publions représentent une petite partie du travail qui fera évoluer notre secteur. En nommant les problèmes existants et en nous engageant à revoir nos pratiques, nous espérons inspirer d’autres personnes à se joindre à nous pour explorer des moyens de provoquer ces changements nécessaires.  

Nous sommes également heureux d’annoncer que nous en sommes à l’élaboration d’outils pour aider le personnel enseignant à déterminer comment il lui est possible de modifier ses pratiques pour favoriser des environnements d’apprentissage plus inclusifs, où chaque élève peut s’affirmer et ressentir un sentiment d’appartenance. 


  1. Egale Canada. (2022). Termes et concepts 2SLGBTQI. Repéré au : https://egale.ca/awareness/termes-et-concepts 

  1. Commission du droit de l’Ontario. (2012). Cadre du droit touchant les personnes handicapées. Repéré au : https://www.lco-cdo.org/wp-content/uploads/2012/12/disabilities-framework-fr.pdf  

  1. Ministère de l’Éducation. (2019). Le curriculum de l’Ontario de la 1re à la 8e année : Éducation physique et santé, 2019. Repéré au : https://www.edu.gov.on.ca/fre/curriculum/elementary/2019-education-physique-sante-1rea8e-annee.pdf 

  1. Ministère de l’Éducation. (2015). Le curriculum de l’Ontario de la 9e à la 12e année : Éducation physique et santé, 2015. Repéré au : https://www.edu.gov.on.ca/fre/curriculum/secondary/health9to12Fr.pdf