Résumé du webinaire sur les déficiences « Disability at the Forefront »

Image
An overhead view of a person with dark brown hair sitting at a computer desk. On the computer screen is a Zoom gallery of webinar participants. The person is preparing to take notes.

Le 18 octobre 2022, Ophea a organisé une table ronde pour un webinaire abordant certains des thèmes communs auxquels fait face le personnel enseignant en travaillant avec des élèves ayant des déficiences. La nouvelle ressource d’Ophea était sur le point d’être lancée quelques jours plus tard et le webinaire était une occasion opportune pour lancer une discussion avec des contributeurs ayant des expériences pertinentes. La séance animée par la conseillère d’Ophea en matière du programme-cadre d’éducation physique et santé d’Ophea, Andrea Haefele, a permis aux participants de poser leurs questions aux experts invités alors que ces personnes présentaient leurs perspectives et leurs connaissances en lien avec les déficiences.

Nous tenons à remercier l’Ontario Parasport Collective et la Fondation Trillium de l’Ontario pour leur collaboration et leur soutien quant à l’élaboration de cette ressource et à la présentation de ce webinaire. De plus, nous tenons à remercier nos invités d’avoir fait part de leur expertise et de leurs expériences à notre public.

  • Jennifer Kil est enseignante d’éducation physique et santé au secondaire; elle est enseignante et entraîneuse pour des élèves ayant divers besoins et elle a récemment adapté le cours Leadership pour les activités récréatives de vie active et saine (PLF4M) pour que les élèves puissent collaborer dans un milieu d’éducation physique avec des élèves qui ont des retards de développement. 
  • Aneka Porter est travailleuse sociale auprès des enfants et des jeunes et milite pour la santé et le bien-être des élèves de l’élémentaire et de leurs familles. Un de ses fils est atteint d’une déficience et depuis récemment elle est aux fait l’expérience du système scolaire du point de vue d’un parent ou tuteur.   
  • Laura Seckington est enseignante pour l’enfance en difficulté et elle se spécialise dans l’enseignement d’élèves qui ont des troubles du spectre de l’autisme. Elle milite pour l’inclusion, particulièrement en éducation physique, et elle a également un frère qui est atteint d’une déficience.  
  • Jake Wttewaall est un défenseur de la jeunesse et fréquente actuellement le collège Seneca en ingénierie. Il est atteint de paralysie cérébrale et de paraplégie spastique héréditaire et il milite pour la participation des jeunes ayant des déficiences dans l’éducation et les sports.

Visionnez l’intégralité du webinaire sur notre chaîne YouTube (vidéo en anglais seulement)

C’est avec plaisir que nous partageons cette plateforme d’Ophea avec Laura Seckington. L'expérience de Laura comprend l'enseignement aux niveaux élémentaire et secondaire auprès d'élèves ayant des besoins complexes, tant en classe que dans les milieux de traitements. Elle a enseigné pendant 12 ans dans des environnements pour les enfants qui ont des troubles du spectre de l’autisme, et a passé deux années au sein d’une équipe interdisciplinaire pour accompagner le personnel scolaire dans son travail avec des élèves ayant des problèmes de comportements tout en agissant à titre de formatrice au Crisis Prevention Institute. Elle possède une formation en analyse comportementale appliquée et se dévoue à la promotion de l’inclusion des élèves ayant des déficiences quand cela s’avère possible.

Laura participe au travail d’Ophea en matière d’inclusion en faisant part de son expertise de travail avec les élèves ayant des déficiences. Tout récemment, nous avons demandé l’aide de Laura pour l’élaboration de notre nouvelle ressource, Le mouvement pour les personnes ayant une déficience : soutien pour l’éducation physique inclusive. Elle a aussi préparé un résumé des thèmes qui ont fait l’objet de discussions lors du webinaire « Disability at the Forefront » et nous a présenté ses réflexions sur ceux-ci.  


Thème 1 : Connaître son apprenant

L’appartenance est essentielle au bien-être, et le bien-être est essentiel à l’apprentissage.  

– Extrait traduit de la stratégie d’Ophea (Every Student Can Thrive) axée sur l’équité pour favoriser le bien-être dans les écoles de l’Ontario

Nous croyons tous que nous en savons beaucoup sur les élèves à qui nous enseignons, y compris ceux à qui nous avons enseigné depuis des années, ceux dont nous avons enseigné les frères et sœurs, ou ceux qui arrivent dans notre classe avec des manies, des champs d’intérêt et des habiletés particulières qui sont mémorables. Nous jetons un coup d’œil au dossier scolaire de l’Ontario au besoin, mais nous apprenons à connaître nos apprenants par les activités et les conversations en classe au quotidien. Quand nous enseignons à des élèves ayant des déficiences, nous devons connaître nos apprenants autrement et nous ne pouvons pas nous fier uniquement à ce que nous constatons à première vue ou à ce que nous lisons dans un profil d’élève. Comme chez tous les élèves, beaucoup de choses se cachent sous la surface d’une personne qui est atteinte d’une déficience visible ou non. Nous avons donc un plan d’enseignement individualisé (PEI) qui comble le fossé entre ce que nous savons des antécédents d’un élève, les objectifs qu’il doit atteindre, et les adaptations et l’accompagnement qui lui sont nécessaires pour y parvenir. Si vous enseignez actuellement à un élève ayant une déficience, vous devez vous familiariser avec les renseignements contenus dans son PEI. De plus, à tire d’enseignante ou d’enseignant d’éducation physique et santé, votre opinion sera sollicitée concernant les objectifs des élèves et les adaptations pertinentes pour votre matière.

Nos invités nous ont expliqué ce que le concept de « connaître son apprenant » signifie pour eux. Pour Jennifer, ça comprend à la détermination d’intérêts communs même chez les apprenants les plus réticents. Pour Aneka, ça signifie de reconnaître le rôle important du travailleur social auprès des enfants et des jeunes et la relation qui est établie à l’intérieur et à l’extérieur de la salle de classe.

En tant qu’élève ayant des déficiences, Jake a trouvé que le meilleur moyen de communiquer avec le personnel enseignant était d’avoir son mot à dire sur ce qu’il apprenait, sa façon de l’apprendre, et le moyen lui permettant de mieux réussir. Dans mon travail de conseillère et dans l’accompagnement d’enseignants voulant intégrer des élèves ayant des déficiences à leur salle de classe, j’ai pu constater que la plupart sont à la recherche du moyen de s’y prendre. Comment puis-je modifier mon programme pour satisfaire aux besoins physiques d’un élève? Comment puis-je évaluer cet élève différemment et de manière juste? Comme Jake nous l’a expliqué, ça commence par une conversation simple. Si votre élève ne peut s’exprimer verbalement, parlez aux personnes qui le connaissent le mieux, par exemple, ses parents ou tuteurs ou un membre du personnel de soutien.

« Exprimer mes sentiments sur quelque chose que j’aime m’aide à ressentir un sentiment d’appartenance. Par exemple, pouvoir parler à l’enseignant et l’aider à comprendre les adaptations nécessaires pour que je puisse participer davantage à l’activité. » - Jake

Le commentaire de Jake m’a incitée à parler des moyens de défendre les élèves et d’enseigner aux élèves à plaider leurs propres causes. J’ai pensé aux élèves qui se déplacent d’un membre du personnel enseignant à l’autre dans une école secondaire, et à l’utilisation d’une simple fiche de sensibilisation comme moyen discret et très efficace de partager des renseignements concernant l’élève et les adaptations nécessaires lui permettant un apprentissage optimal. Une telle fiche est un excellent moyen de remédier au manque de connaissances lors de l’établissement d’une relation entre un nouvel élève et un enseignant (ou nouvel enseignant) et de lancer des conversations enrichissantes entre les deux.

Thème 2 : Collaboration 

 

En tant qu’enseignante dans une salle de classe partiellement intégrée, je connais bien l’importance de travailler collaborativement en équipe. En fait, certains jours, il y a plus d’adultes que d’élèves dans ma classe, et je compte énormément sur une équipe pour m’aider dans la programmation, la sécurité, la communication et nos habitudes au quotidien. Mes élèves se déplacent pour se rendre au cours d’éducation physique, ils sont intégrés à une classe d’élèves sans déficience et reçoivent l’enseignement d’une autre personne alors que je ne suis pas présente. Pendant que je travaille durant mon temps sacré de préparation et de planification dans un autre endroit à l’école, j’ai confiance que mes élèves apprennent au meilleur de leur capacité tout en acquérant des habiletés sociales importantes avec un autre membre du personnel enseignant et un autre groupe d’élèves. Il faut des efforts, du respect et de la communication pour entretenir des relations, y compris celles entre les élèves et le personnel enseignant. Je me réserve du temps pour communiquer avec l’enseignant d’éducation physique, lui offrir du soutien et discuter de ce qui se déroule bien et des difficultés rencontrées. Aneka a abordé le thème de la collaboration avec les membres du personnel avec une anecdote concernant une équipe avec laquelle elle travaillait et qui aimait s’asseoir à la fin de chaque journée, ne serait-ce que pour cinq minutes, pour discuter des faits saillants et des difficultés de leurs élèves :

« Nous nous rencontrions, faisions un compte rendu et partagions les stratégies que nous utilisions avec certains élèves; ça me donnait un sentiment d’appartenance à l’équipe. Tout comme les élèves veulent ressentir un sentiment d’appartenance, nous devons créer une telle atmosphère au sein du personnel. » - Aneka

Jennifer a évoqué son rôle d’enseignante au secondaire dans un cours de Leadership pour les activités récréatives de vie active et saine (PLF4M) qu’elle a conçu de façon à promouvoir la sensibilisation aux déficiences et à l’inclusion dans son école. Dans ce cours, les élèves de la 12e année collaborent avec les six classes séparées d’élèves ayant des déficiences dans un milieu d’éducation physique. Parfois, les élèves du cours de leadership sont jumelés pour enseigner aux élèves qui ont des déficiences et, parfois, ils compétitionnent ensemble dans des évènements, comme le programme unifié d’Olympiques spéciaux Ontario, où les deux groupes d’élèves jouent ensemble, peu importe leur capacité. Ce programme inspirant dont nous a parlé Jennifer offre un potentiel illimité pour l’ensemble des élèves qui y participent et montre le dévouement de Jennifer pour qu’ils réussissent. 

« Les élèves qui n’ont pas de déficiences apprennent des élèves qui en ont… ils se promènent chaque jour en disant “Je n’en reviens pas de ce dont j’ai été témoin”… ils veulent manger à l’heure du repas avec leurs partenaires! » - Jennifer

Le programme de Jennifer serait impossible sans la collaboration de deux groupes d’élèves; un tel partenariat prend vraisemblablement des semaines et des semaines de démonstration et de renforcement des relations et de la compassion au début de chaque trimestre. J’ai été témoin d’une collaboration semblable au palier élémentaire pour laquelle j’ai dû trouver des moyens d’enseigner à des élèves de la maternelle et du jardin d’enfants à interagir avec leurs camarades qui ne peuvent agir, parler ou socialiser de la même façon qu’eux. Heureusement pour nous et pour le personnel enseignant en éducation physique et santé, le langage corporel et le mouvement constituent un langage universel permettant aux élèves de démontrer leur apprentissage par divers moyens, et permettant au personnel enseignant de repenser la « bonne façon » de faire la démonstration des habiletés physiques et de les évaluer.

Thème 3 : Et pour la suite des choses?

Les questions qui ont été posées portaient sur un même thème en général : Comment pouvons-nous autonomiser, à l’école et ailleurs, les élèves ayant des déficiences? Oui, c’est bel et bien le « comment » que le personnel enseignant recherche, et je crois que pour connaître ce « comment », il faut être en mesure de le voir en action. Il est important que le personnel enseignant voie des classes, des programmes et des partenariats où l’intégration et l’inclusion fonctionnent. Comment peut-on y arriver avec nos horaires chargés et notre liste infinie de choses à faire? Commencez à petite échelle. Consultez Twitter et suivez des enseignants d’éducation physique pour qui cela fonctionne. Communiquez avec d’autres enseignants d’éducation physique et des fournisseurs d’activités de votre région ou de votre réseau d’écoles qui partagent la même vision pour collaborer à un programme intra-muros ou un programme de leadership qui pourrait favoriser la création d’espaces inclusifs dans vos salles de classe. Lisez des articles d’auteurs, d’éducateurs et de chercheurs, comme Shelley Moore, qui continuent d’examiner de manière exhaustive les droits et l’équité pour les personnes ayant des déficiences et l’allure que ces concepts peuvent prendre en éducation si on leur accorde une place prioritaire, plutôt qu’ils ne soient qu’une arrière-pensée, dans nos plans de leçons.

Jake a parlé de son souhait de faire partie de l’équipe de football, et de pouvoir enfin remporter du succès, non comme joueur, mais plutôt comme entraîneur. Le moment a été mémorable pour lui lorsqu’il a pu faire part de ses connaissances avec des pairs qui n’avaient pas de déficiences et être inclus dans le jeu, même si ce n’était pas de manière traditionnelle. Aneka a encouragé le personnel enseignant à adopter une mentalité de croissance et à reconnaître que le changement prend du temps et que c’est parfois par essais et erreurs que nous trouvons quelque chose qui fonctionne. Moi aussi, je reconnais que ma classe a changé au fil du temps et qu’elle continue de changer chaque année et même chaque mois avec le même groupe d’élèves.

Maintenant que nous savons à quoi peut ressembler un environnement favorable en éducation physique pour les élèves qui ont des déficiences, comment pouvons-nous savoir si nous le faisons correctement? Nos experts concluent avec quelques réflexions : 

« L’environnement évolue avec les élèves et leurs besoins particuliers. Soulignez les réalisations, peu importe leur ampleur. » - Laura 

« Le soutien du personnel enseignant, savoir qu’il y a quelqu’un qui vous pousse vers l’avant, ça fait une grosse différence dans votre journée et vos expériences. » - Jake 

« Les élèves avec et sans déficiences participent tous activement à l’éducation physique. Est-ce que les objectifs des élèves sont atteints? Nous devons analyser et nous poser ces questions, puis retourner au plan d’enseignement individualisé. » - Aneka 

« Le personnel enseignant réclame que les élèves puissent passer du temps au gymnase, qu’ils aient accès à l’éducation physique et à des occasions de participer. Nous progressons lentement, mais nous nous rapprochons de notre objectif! » - Jennifer 

Ophea espère que sa nouvelle ressource, Le mouvement pour les personnes ayant une déficience : soutien pour l’éducation physique inclusive, gagnera en popularité et qu’elle servira à lancer des discussions enrichissantes entre les divers partenaires en éducation et à mettre en œuvre des actions concrètes.

La ressource définit l’inclusion comme étant à la fois une démarche et un objectif et accompagne le personnel enseignant dans la création d’un programme efficace d’éducation physique conçu pour satisfaire aux besoins de chaque élève. Que ce soit pour la démarche du plan d’enseignement individualisé (PEI) ou l’examen des divers contextes des programmes, cette ressource, avec son glossaire de référence exhaustif, est incontournable pour tout enseignant d’éducation physique. Elle présente au personnel enseignant et aux partenaires communautaires les raisons d’enseigner l’éducation physique aux élèves qui ont des déficiences, l’allure que cela peut prendre et la façon de faire.  

  • Quelle allure peut prendre l’enseignement aux élèves ayant des déficiences dans divers milieux d’apprentissage? 
  • Quelles sont les raisons pour lesquelles il est bénéfique d’offrir des adaptations et des options diverses pour différentes déficiences en éducation physique?      
  • Comment un membre du personnel enseignant doit-il s’y prendre pour consulter le plan d’enseignement individualisé d’un élève en vue de mettre en œuvre des adaptations et des modifications dans sa pratique pédagogique au quotidien? 

Ophea remercie Laura pour ce fantastique récapitulatif de notre webinaire sur les déficiences « Disability at the Forefront » , et tous nos panélistes pour leurs contributions et perspectives essentielles. Faites-nous part de vos réalisations dans la création d’un programme inclusif pour vos élèves ayant des déficiences sur Twitter, Facebook et Instagram et assurez-vous d’inclure notre identification (@OpheaCanada) dans votre publication. 

Pour demeurer à l’affut des possibilités de perfectionnement professionnel, des ressources et des services d’Ophea, inscrivez-vous au bulletin électronique eConnexion d’Ophea.