Une nouvelle ressource — Arrêtez. Commencez. Envisagez! : Les affiches de l’éducation physique et sport axés sur les handicaps

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Un.e enseignant.e de gym présentant au féminin donne un "high five" à une ligne d'étudiants qui se tendent la main, assis sur un banc dans un gymnase. L'enseignant.e a de longs cheveux bruns attachés en queue de cheval, porte des vêtements de sport et tient un porte-bloc. Les élèves sont différents en termes d'expression de genre et de couleur de peau. Tout le monde sourit avec enthousiasme.

Qu’est-ce que « Arrêtez, commencez, envisagez! : Pratiques centrées sur l’élève en éducation physique et santé »? 

« Arrêtez, commencez, envisagez! » est un ensemble d’affiches téléchargeables gratuitement, créé pour aider le personnel enseignant, le personnel scolaire et les autres membres de la communauté scolaire dans la création d’environnements d’apprentissage en éducation physique et santé (ÉPS) qui sont plus sécurisants sur le plan émotionnel et qui favorisent l’affirmation de l’identité de chaque élève. Lorsqu’elles sont utilisées comme outil de référence lors de la planification ou apposées dans les environnements d’apprentissage d’ÉPS, les affiches aident les membres de la communauté scolaire à lancer des discussions sur des éléments importants dont il faut tenir compte en matière d’équité, à s’éloigner de pratiques potentiellement nuisibles et à promouvoir des environnements d’apprentissage inclusifs où chaque élève se sent accueilli et valorisé en ÉPS. Les élèves qui ont un sentiment d’appartenance à l’école ont plus de chances de réaliser tout leur potentiel d’apprentissage. 

Les affiches examinent des thèmes liés à des formes particulières de discrimination et aux systèmes oppressifs auxquels les élèves peuvent faire face ou être exposés dans les environnements d’apprentissage d’ÉPS. Lors de la création de cette ressource, Ophea a réuni des jeunes ayant vécu des expériences, des experts en la matière et des décideurs du système d’éducation pour discuter de ces problèmes et mettre en évidence de possibles façons d’améliorer le sentiment d’appartenance par la pédagogie inclusive. 

Conformément à la stratégie d’Ophea axée sur l’équité, « Pour que chaque élève puisse réussir », la perspective des jeunes est au premier plan. En écoutant les personnes qui ont vécu des situations de marginalisation, en apprenant d’elles, et surtout, en les mettant au cœur de nos efforts, nous pouvons tous contribuer à un avenir où chaque élève aura un sentiment d’appartenance à sa communauté scolaire, et où sa santé et son bien-être seront prioritaires et favorisés. 

La série d’affiches « Arrêtez, commencez, envisagez! : Pratiques centrées sur l’élève en éducation physique et santé » a été créée en étroite collaboration avec d’autres partenaires communautaires. Sa création a été rendue possible grâce au financement du gouvernement de l’Ontario dans le cadre du Programme d’appui à la francophonie ontarienne. Les opinions exprimées dans cette ressource sont celles d’Ophea et ne reflètent pas nécessairement celles de la province. 

Arrêtez. Commencez. Envisagez! : Les affiches de l’Éducation physique et sport axés sur les handicaps 

Ces affiches constituent le deuxième volet de la série d’affiches « Arrêtez, commencez, envisagez! ». Elles présentent au personnel enseignant des stratégies pour créer des environnements d’apprentissage inclusifs en ÉPS, favorisent l’affirmation de l’identité et garantissent une sécurité émotionnelle aux élèves en situation de handicap. En veillant expressément à créer des espaces où les élèves en situation de handicap ont un sentiment d’appartenance, nous répondons aux besoins de chaque élève, qu’il ait ou non un handicap. 

Afin de mieux comprendre les suppositions et les pratiques potentiellement oppressives en ÉPS, nous pouvons nous pencher sur le concept du capacitisme dans la société. Le capacitisme représente la structure de pouvoir globale qui régit nos perceptions culturelles et sociales de l’aptitude. Mais qu’est-ce que cela signifie exactement? 

« Le capacitisme peut se définir comme un système de croyances, semblable au racisme, au sexisme ou à l’âgisme, selon lequel une personne en situation de handicap est moins digne d’être traitée avec respect et égard, moins apte à contribuer et à participer à la société ou moins importante intrinsèquement que les autres. Le capacitisme peut s’exercer de façon consciente ou inconsciente et être inscrit dans les institutions, les systèmes ou la culture d’une société. Il peut restreindre les possibilités offertes aux personnes handicapées et réduire leur participation à la vie de leur collectivité. »1 

Tout comme pour d’autres formes d’oppression, la société a tendance à normaliser le capacitisme, qui se traduit par des attitudes et comportements dirigés envers les personnes en situation de handicap. Sans une réflexion critique et consciente, les individus peuvent involontairement contribuer à des façons de penser capacitistes. Dans certains cas, le capacitisme se manifeste par des suppositions qui minent les actions et les capacités des personnes en situation de handicap. Ces suppositions peuvent même prendre la forme d’une réelle préoccupation ou d’un désir d’aider, par exemple en dirigeant ou en touchant des dispositifs de mobilité ou des appareils et accessoires fonctionnels d’assistance sans consentement préalable. Cependant, trop souvent, ces comportements sont fondés sur des notions limitatives concernant ce que les personnes en situation de handicap peuvent ou non accomplir. Afin d’éviter que ces attitudes culturelles ne se reflètent dans les environnements d’apprentissage et n’affectent les élèves, il est crucial d’examiner de manière critique les pratiques existantes en ÉPS ainsi que les suppositions qui en découlent concernant les champs d’intérêt, les souhaits et les capacités des élèves en situation de handicap. 

Lisez la déclaration d’Ophea’s sur « Une nouvelle façon de concevoir les déficiences en ÉPS ». 

Les jeunes qui ont participé à notre séance sur la reconception de l’ÉPS relativement aux handicaps ont souligné des pratiques en ÉPS qui sont un prolongement des systèmes de croyances fondés sur le capacitisme, notamment :  

  • l’exclusion des élèves en situation de handicap de l’enseignement du savoir-faire physique essentiel au lieu d’adaptations nécessaires pour permettre leur pleine participation;  
  • le manque de préparation de modifications ou d’adaptations pour les activités;  
  • la supposition que les élèves en situation de handicap ne souhaitent pas participer à l’éducation physique;  
  • l’exclusion de la représentation des personnes en situation de handicap dans l’éducation à la santé, y compris le développement humain et la santé sexuelle. 

La séance a révélé que les environnements d’apprentissage en ÉPS peuvent involontairement propager des stéréotypes préjudiciables liés aux concepts d’aptitude et de déficience. Cela est largement dû à des perceptions limitatives concernant les besoins, les champs d’intérêt et les capacités des élèves en situation de handicap. Les pratiques courantes en ÉPS reflètent souvent la notion erronée que tous les corps ont les mêmes capacités et qu’ils devraient fonctionner de la même manière. Lorsque l’accent n’est mis que sur la production des meilleurs résultats possibles (vitesse, distance, force), plutôt que sur la détermination et la pratique des mouvements qui procurent de la joie et qui sont adaptés aux capacités de chaque élève, les élèves en situation de handicap ont plus de risques d’être marginalisés. Les suppositions sous-jacentes à nos notions de compétition et de prouesses physiques considèrent certains types de corps comme supérieurs, ce qui est une idée néfaste à tous. 

Les élèves en situation de handicap ont aussi rapporté être activement dissuadés ou empêchés de participer dans des milieux d’ÉPS. Cela ne fait pas seulement obstacle à leur droit à une éducation de qualité, mais risque également de les exclure d’enseignements essentiels sur le savoir-faire physique et la littératie en matière de santé. C’est une injustice. Tout comme leurs pairs qui ne sont pas en situation de handicap, ces élèves ont le droit de participer pleinement et d’être inclus dans les activités qui les intéressent. Des adaptations appropriées facilitant leur participation peuvent être déterminées collaborativement avec les élèves et leurs aidants. Les élèves en situation de handicap ont le droit d’en apprendre davantage sur leur corps et de se voir représentés dans les programmes-cadres d’ÉPS. 

Des pratiques pédagogiques inclusives, promouvant la diversité des expériences et des capacités en ÉPS, peuvent contribuer à remettre en question les stéréotypes préjudiciables fondés sur le capacitisme, et ainsi atténuer les obstacles à la participation des élèves. 

Pourquoi maintenant?  

En novembre 2022, le Projet canadien sur la participation sociale des personnes en situation de handicap a publié son premier rapport sur le handicap, un résumé complet des données sur l’activité physique des enfants et des adolescents en situation de handicap au Canada. Dans la catégorie « Activité physique globale », la note « D » a été attribuée. Près de 40 % des catégories que le rapport cherchait à évaluer, y compris les possibilités d’activité physique en milieu scolaire, n’ont pas pu recevoir de note en raison de données insuffisantes.2 Une approche différente pour l’activité physique et l’ÉPS, qui est explicitement inclusive des élèves en situation de handicap, est depuis longtemps nécessaire. 

Les environnements d’apprentissage inclusifs en ÉPS permettent aux élèves d’atteindre tout leur potentiel d’apprentissage, d’explorer, d’apprendre et de réussir sans l’entrave des stéréotypes ou des préjugés. En plus de favoriser le bien-être mental, les études ne cessent de montrer que les pratiques pédagogiques qui favorisent l’affirmation de l’identité ont des effets positifs sur les résultats d’apprentissage. Lorsque les élèves ont un sentiment d’appartenance et participent à des démarches d’apprentissage reflétant leurs perspectives et leurs expériences, leur motivation et leurs performances s’améliorent. 

Les avantages des pratiques qui sont inclusives et qui favorisent l’affirmation de l’identité se font sentir bien au-delà de la salle de classe et peuvent aider à préparer les élèves au monde diversifié à l’extérieur de leur communauté scolaire. Alors que les écoles de l’Ontario adoptent des pratiques inclusives visant à soutenir chaque élève, le personnel enseignant peut examiner de manière critique et, si nécessaire, adapter ses pratiques pour favoriser des environnements d’apprentissage qui promeuvent tous les corps et toutes les capacités. 

Et pour la suite?  

Des versions futures de la ressource « Arrêtez, commencez, envisagez! : Pratiques centrées sur l’élève en éducation physique et santé » sont en cours d’élaboration. Alors que nous élargissons cette série pour aborder les possibles manifestations d’autres systèmes oppressifs dans les environnements d’apprentissage d’ÉPS, notre espoir est de fournir au personnel enseignant des outils pour la création d’environnements d’apprentissage inclusifs et accueillants qui favorisent davantage un sentiment d’appartenance chez les élèves et leur permettent de profiter d’une vie saine et active pendant toute leur vie. 


REFERENCES

  1. La Commission du droit de l’Ontario. (2012). A Framework for the Law as It Affects Persons with Disabilities. https://www.lco-cdo.org/en/our-current-projects/the-law-and-persons-with-disabilities/persons-with-disabilities-final-report-september-2012/a-framework-for-the-law-as-it-affects-persons-with-disabilities/introducing-the-framework-3/
  2. Le projet canadien sur la participation sociale des personnes en situation de handicap. (2022). Canadian Physical Activity Report Card for Children & Adolescents with Disabilities. https://cdpp.ca/resources-and-publications/canadian-physical-activity-report-card-children-adolescents-disabilities